La peinture de René Magritte (1898-1967) est connue pour ses scénarii
improbables et ses juxtapositions impossibles. Qui ne se souvient de
L'assassin
menacé, de L'aimable
vérité ou de la Condition
humaine ? La critique unanime a - non sans raison - loué le génie du peintre.
Pourtant, il manque une pièce au puzzle Magritte et la glose des historiens de l'art sur son cas se prend allègrement les pieds dans le tapis, ignorant tout simplement l'essentiel. Son chef d'œuvre, la toile qui transcende toutes les autres, est ignorée - pis, niée dans son existence même, encore aujourd'hui.
Sous le titre anodin de La vie au grand air, elle représente le paradoxe ultime : le rapprochement impossible des échecs et du Go (paradoxe
résolu naturellement par la disparition des premiers dès l'apparition du second). Sur la toile, le personnage - un amateur belge, 3-dan à en
juger par la partie - ne peut tout simplement pas représenter la partie qui lui fait face. Exit les échecs...
Comme chacun sait, en français, le pluriel de scénario est scénarios. L'orthographe italienne adoptée ici doit être lue non comme un sacrifice au snobisme ambiant mais comme un salut amical lancé à la Fédération italienne de Go (retour).
La vie au grand air
Huile sur toile, 1949
1949. En cette période de guerre froide - Staline tenait alors la FIDE sous une poigne de fer -, Magritte savait les risques qu'il encourrait à exposer une telle toile. Ami intime de quelques joueurs de Go belges parmi lesquels
Hergé, Brel et Greg, dont il aimait kibbitzer les parties sans jouer lui-même, il n'ignorait rien des tourments dans lesquels la FIDE les maintenait.
L'œuvre achevée, il la confia au trésorier du Club de Go de Louvain-la-Neuve avec mission de la garder secrète jusqu'à des jours meilleurs, et ce n'est que début 1990, juste après la chute du Mur de Berlin, que la toile est réapparue sous la forme d'un colis anonyme adressé au Club de Go de
Paris 20. La vérité aurait pu alors éclater ...
Las ! Manipulés par le président du Cercle échiquéen des commissaires priseurs, les experts ont tout simplement
refusé d'authentifier la toile ! Le Club de Go de Paris 20, soucieux de vérité, ne pouvait pas faire moins que l'exposer et rapporter son histoire sur son site. C'est chose faite.
D'autres
œuvres de Magritte :
http://www.mcs.csuhayward.edu/~malek/Magrit.html
|