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LE SEPPUKU |
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LES ORIGINES :
La légende veut que Minamoto no Tametomo soit le
premier à avoir commis le Seppuku,en s'ouvrant le ventre,
en 1156 après avoir tenté un coup d'état
contre la capitale. Macabre pratique provenant de Chine
et employées par les femmes afin de prouver qu'en n'étant
pas enceinte, leur vertu restait intacte.
Le Seppuku apparait donc
à l'époque de Kamakura. Dans une période
de guerre où l'on tue et torture, il valait parfois mieux
se tuer soi-même pour échapper à la souffrance
et l'humiliation. Mais pour prouver qu'on ne se tuait
pas par lâcheté, le suicide était commis
en public " Voyez comment va mourir un homme d'honneur"
En 1716, le livre
"Hagakure" va donner un sens encore plus dramatique
au Seppuku en en faisant l'une des seules voies de réalisation
pour le samouraï qui sera résumé par la phrase
célèbre : " La voie du samouraï, c'est
la mort." |
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LES OBLIGATIONS :
Le suicide au Japon est la dernière manière d'assumer
un échec. Ainsi on éteint la dette contractée
par la faute commise. Il existe quatre grandes raisons de faire
seppuku pour les samouraïs :
-La défaite au
combat : Le cas le plus connu. A la fin d'une bataille, plutôt
que d'être capturé, le samouraï préfère
se donner la mort lui-même. Ainsi il peut à la fois
prouver son courage, et réparer l'échec
de sa défaite. Il évite également, avec
la torture, de livrer des secrets militaires de son clan.
- Les remontrances
:( Kanshi ) Souvent pratiqué par les vassaux du
Shogun qui accompagnait leurs critiques au gouvernement
par leur propre suicide. Cette tradition venait de Chine, où
un poste spécial, le censeur impérial, permettait
d'adresser ses plaintes à l'Empereur. Nobunaga Oda
reçut un jour une lettre de reproches d'un des ses vassaux
qui en commettant le Seppuku attira son attention sur la situation
catastrophique du Japon. |
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- La sanction pénale
( Tsumebara ) : Instituée par les Shogun Tokugawa,
elle permettait d'éviter la prison ou l'exil aux samouraïs.
Privilège accordé à la classe des
hauts fonctionnaires militaires, elle épargnait la honte
au samouraï et à tout son clan.
- L'accompagnement dans
la mort ( Junshi ) : Directement inspiré de la Chine,
où cette pratique était répandue, elle était
la seule raison qui ne faisait pas suite à un échec.
Lors de la mort de son seigneur, les samouraïs prouvaient
leur fidélité et leur attachement en suivant
leur maître dans la mort. Cette pratique destructrice
causa des pertes irréparables, ces Seppuku collectifs
pouvant rassembler jusqu'à 500 guerriers, laissant
leur clan exsangue et sans défense. Le Shogun Tokugawa
promulgua un édit, en mai 1663, pour mettre fin
à cette pratique qui conduisait à une dépense
inadmissible de vies humaines. |
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LE RITUEL :
Le Seppuku se commettait en public, mais devant une assemblée
restreinte. L'ensemble de la cérémonie était
codifiée et le respect scrupuleux de ces codes
était obligatoire.
Sur le champ de bataille
où le temps pressait, le guerrier précédait
son geste d'un discours et si possible d'un poème
d'adieu. En temps de paix, le samouraï habillé de
blanc, écrivait un poème, agenouillé sur
un tatami et dérrière des paravents préservant
des regards.
Avec un poignard spécial
( kusungobu) dont la lame est entourée de papier
blanc, le samouraï pratiquait une double incision en croix
dans l'abdomen. Une fois la deuxième incision pratiquée,
un assistant ( kaishakunin ) placé dérierre
lui, lui décollait la tête rapidement d'un coup
de sabre. La douleur insupportable était ainsi stoppée,
une fois que le samouraï avait fait preuve de son courage.
Les femmes n'avaient pas
le droit à ce cérémonial. Elles se coupaient
la veine jugulaire avec un poignard ( tantô ) qu'elles
possédaient toujours sur elles. Dans certains cas, avec
une autre femme, elles se tuaient l'une l'autre en même
temps. |
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LES SEPPUKUS CELEBRES :
L'histoire du Japon est parsemée de personnages célèbres
morts par Seppuku. La légende populaire en fait souvent
des héros, émue par le caractère désespéré
et tragique de leur destins.
Minamoto no Yoshitune : Frère du premier Shogun
du Japon Minamoto no Yoritomo et général des armées
de ce dernier. Ses victoires et sa célébrité
le rendent insupportable à son frère. Pourchassé
par les bushis du Shogun, il se donne la mort accompagné
par son célèbre compagnon, le moine Benkei
( Yamabushi ).
Hôjô Nakatori
: En 1333
acculé à la défaite, ce seigneur de la guerre
commit le Seppuku dans un temple près de Kyôto.
432 vassaux se tuèrent avec lui ( Junshi
). Un mois plus tard à Kamakura Hôjô Takatoki
se suicide avec près de 500 de ses guerriers, et
met fin ainsi à la dynastie de la famille Hôjô.
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Les 47 Ronins : Episode très célébre
de l'histoire japonaise. En 1698, le seigneur Asano Takumi
no Kami est insulté par le maître de cérémonie
du Shogun, Kira Kosukeno-Suke. Il blesse ce dernier d'un
coup de sabre, et transgresse ainsi la loi du Shogun. La sentence
est immédiate, il doit commettre le Seppuku.
Mais ses vassaux refusent
de pratiquer le Junshi ( suivre son maître dans
la mort ). Ils deviennent alors des Ronins ( samouraïs
sans maître ) qui ont failli à leur devoir. On se
moque d'eux pour leur manque de courage et de fidélité... et
on les oublie.
Quatre ans plus tard, ils
attaquent la demeure du maître de cérémonie,
Kira Kosukeno-Suke, et le tuent. Les 47 ronins
commettent alors le Seppuku et rejoignent leur maître dans
la mort, après avoir prouvé leur fidélité.
Cet épisode très connu de l'histoire du japon a
fait l'objet de nombreuses pièces de théâtre,
de romans et de films Japonais. |
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LE SEPPUKU A l'ERE EDO :
Après l'unification du Japon, la période des grandes
batailles fut terminée, et le rôle des Bushis diminua
fortement. De même, les occasions de démontrer la
loyauté à son seigneur devinrent extrêmement
rares, et les Samourais ne trouvèrent plus que dans le
Junshi, l'occasion de prouver courage et fidélité.
Mais, du coup, les ravages de cette pratique furent si élevés
qu'en 1663, le Shogunat Tokugawa interdit purement et
simplement cette coutume, l'assortissant de punitions
graves sur la famille et les descendants du Samouraï qui
enfreignait cette loi. Le cas le plus connu de désobéissance
à cette obligation fut le Général Nogi
qui se suicida à la mort de l'Empereur Meiji en 1912.
Le Junshi étant
interdit, l'esprit du Seppuku se dégrada assez
rapidement. Les seuls cas de suicides permis restaient la réparation
d'une faute personnelle (echec d'une mission, faute accidentelle
) , mais surtout la sanction pénale ( Tsumebura
). Dés lors, le cérémonial du Seppuku perdit
beaucoup de son côté volontaire pour devenir une
simple exécution. Le poignard ne devint même
plus nécessaire. Un simple éventail était
posé devant le condamné. Lorsque celui-ci s'en
saisissait, le Kaishakunin le décapitait aussitôt.
La volonté de prouver son courage du Bushi n'avait donc
plus place dans une telle cérémonie. A l'ère
Meiji, le Seppuku disparut totalement, et seul les actions des
Kamikaze en 1945 le rappela à la conscience collective
du peuple Japonais. |
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AVRIL 2002 |